lundi 16 février 2009

"Notre police fait du maudit bon travail"


Saint-Jérôme est la deuxième ville la plus criminalisée au Québec, c'est la conclusion à laquelle en vient La Presssse dans un article du 9 février. L'ironie du sort, c'est que le plus surpris de cette nouvelle est le maire Marc Gascon! Dans une entrevue accordée au journal Le Nord, celui-ci se défend derrière une rhétorique pitoyable, affirmant que c'est dû à un trop bon travail de nos policiers et que "Saint-Jérôme est victime de son succès".

Ce criminologue de formation, du haut de sa tour d'ivoire, ne voit même plus ce qui se passe en bas. Pourquoi nous, qui vivons quotidiennement dans les rues, ne sommes aucunement étonné-e-s de ce constat? Saint-Jérôme est depuis longtemps reconnue pour sa criminalité et sa pauvreté, et c'est normal compte tenu que la ville n'y répond qu'avec toujours plus de répression. Dans cette lignée, l'administration Gascon aura fait des pieds et des mains pour chasser du centre-ville le café de rue SOS - puisque la "racaille" s'y rassemblait - et ce malgré l'aide indispensable que l'endroit offre aux plus précaires d'entres nous! Soit ignorant ou malhonnête, Gascon affirme qu'il n'y a pas de gangs de rue dans sa ville, malgré bon nombre de graffs et d'événements qui prouvent le contraire : "Nos policiers sont d’une dureté et d’une sévérité telle que les membres de gangs de rue considèrent qu’ils sont mieux d’aller ailleurs parce que ils sont trop fous à Saint-Jérôme". Nous sommes toutefois forcés d'admettre que derrière ce mensonge éhonté se dresse une vérité implacable : les chien-ne-s de garde sont abandonné-e-s, voire encouragé-e-s, à leur zèle.

Dans nos rues, il est fréquent de se faire harceler par des flics qui ne cessent d'appliquer leurs politiques de profilage. N'importe quel prétexte est bon, tu n'as qu'à relaxer dans un parc ou te retrouver dehors en pleine nuit pour subir leur petite inquisition. Sans même parler de leur historique de brutalité envers des militant-e-s locaux. Le plus inquiétant est que c'est exactement le genre d'intervention que l'establishment local souhaite voir appliqué afin de nettoyer "leur" ville. C'est pourquoi des programmes ont été mis en place afin d'assurer une présence policière dans les bars et qu'on vante la multiplication des dossiers ouverts, prétendu témoin de l'efficacité de leur travail, tandis que d'un autre côté le support aux différents centres communautaires se fait une denrée rare.

Prêt à n'importe quoi pour faire croire que Saint-Jérôme est un endroit sécuritaire, Gascon ne cessera de se rabattre sur les statistiques reliées aux meurtres, comme si elle était la seule et unique expression de la violence au sein d'une société. Non satisfait de crier à la désinformation alors qu'il y recourt lui-même, il se cloisonne dans une définition hautement subjective de la criminalité. En effet, pour plusieurs d'entres nous, il s'agit bel et bien d'un crime violent que des policiers et policières battent quelqu'un en pleine rue alors que c'est de toute évidence aucunement tenu pour compte par la ville.

Si Marc Gascon nous sert des analyses aussi sordides dans un domaine qu'il a pourtant étudié en profondeur, qu'en est-il de sa qualité de gestionnaire en tant que maire? Ce bouffon moustachu n'a pas fini de nous surprendre!