mardi 17 mars 2009

Aftermath de la manif du 15 mars

Ce fut une journée que le collectif Étoile Noire va longtemps garder en mémoire, tout comme les centaines de manifestant-e-s arrêté-e-s avant et tout au long de la manifestation organisée par le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP). Notre version des fait est surtout basé sur l’expérience tel que vécu hier dans la rue, donc elle sera certainement subjective.

Notre aventure commence donc à 2h au métro Berri-Uqàm, où nous apprenons de sources diverses, que la ligne orange montant au Mont-Royal, point de rassemblement de la marche, est fermée soit dû à un problème technique, soit dû à une directive du SPVM pour empêcher les manifestant-e-s de converger. Aussitôt dit, la masse de protestataires dissimulés dans la foule remonte d’un trait à la surface. Certain-e-s choisissent d’attendre sagement l’autobus; une décision qui sera lourde de conséquences puisque suivant leur tactique du « bâton dans les roues », le SPVM aurait probablement donné l’ordre d’arrêter les circuits se rendant sur les lieux du rassemblement. D’autres camarades plus dynamiques forment des colonnes et marchent jusqu’à l’événement, permettant de rassembler quelques curieux et curieuses au passage (retournant ainsi le stratagème à notre avantage).

Quand nous arrivons enfin sur les lieux, au premier pas de la manifestation, un sergent de police fait résonner de son magnétophone : "Ce rassemblement est décrété illégal, je répète ILLÉGAL, veuillez vous disperser!". Puis des rumeurs nous parviennent selon quoi une dizaine de camarades auraient déjà été arrêté-e-s par le SPVM avant même de pouvoir se rendre, sous des accusations du genre « possession d'arme » dû à des bâtons de drapeau supposément trop imposants. Les forces de l’ordre avaient les nerfs à fleur de peau. Il y avait de la tension dans l’air, c’était palpable. On se disait qu’il nous laisserait une demi-heure tout au plus, avant d’ordonner à l’anti-émeute de nous charger comme elle fait habituellement chaque année, assez précocement et sans égard pour les personnes sur son chemin. En même temps, nous constations l’ampleur de la foule : il y avait environ entre mille et deux mille personnes au cortège de départ, ce qui nous assurait un rapport de force décent. Mais comme de fait, rendu à une intersection, 20 minutes après la mise en marche, des agents de la police infiltrés parmis nous se saisissent aléatoirement d’un camarade et le trimbale jusqu’à un blocage de police sur la rue transversale. La réponse ne se fait pas attendre : une vague de manifestant-e-s en colère charge les policiers pour lui venir en aide, sans succès, ouvrant un deuxième « front » à la manifestation. À ce moment la situation devient quelque peu confuse, les gens ne sachant pas trop qui suivre, on continue d’avancer malgré tout. Chargé-e-s et pris-e-s d’assaut par l’anti-émeute au tiers des virages qu’effectue la manifestation, ça ne prend qu’environ une heure pour que la situation s'enflamme et devienne ingérable pour les forces de l'ordre : en chemin, la manifestation se fait charger et couper à plusieurs reprises, ce qui créé d’après ce qui à été recensé, deux autres contingents qui prennent des directions opposées et ainsi continue une vive résistance.

Rendu-e-s à l’université McGill, le contingent principal était maintenant réduit à environs 800 manifestant-e-s. Et pas « 500 punks casseurs », comme le disait Paul Arcand au 98.5 qui, comme les autres mass médias, n'essayera même pas de comprendre le trop-plein des précaires qui doivent subir la répression policière de façon quotidienne. Pourtant, après environs 2h de harcèlement de la part des forces de l’ordre qui tentaient de nous prendre par les flancs et en revers, ils nous barrent la rue devant la Place des Arts, décidés de mettre fin à ce jeu du chat et de la souris à travers la cité auquel nous nous étions accoutumé-e-s. Bloquée, la foule refoule et se disperse en partie. Ne reste plus qu’une centaine du « noyau dur », ce lumpenprolétariat, déterminé que le point final improvisé de cette marche se fasse maintenant et dans la confrontation. Puis quelqu’un découvre que le groupe est en fait à coté d’un édifice en rénovation et en moins de deux, une trentaine d’irréductibles érigent une barricade et concassent des briques en guise de munitions. Et en moins de deux, ils et elles fuient leur barricade en voyant arriver l’anti-émeute les charger au sol et sur leur noble monture, tels des chevaliers de l’ordre et de la lumière mâtant la plèbe. Aussitôt, une pluie de briques et de balles de neige tombe en abondance sur les policiers de toutes parts et tous cotés, avant que ceux-ci ne se divisent en petites escouades pour pouvoir poursuivre plus efficacement les poches de résistances restantes. Pour nous, ce fut la fin des hostilités.

Sur notre chemin du retour, ce fut l’heure des bilans. Tout notre monde est saint et sauf, mais nous rencontrons en chemins des ami-e-s qui nous confirment que des gens de notre organisation et des autres se sont fait coffrés. Les chiffres oscillent entre une trentaine et 100 personnes; rien d’officiel sur quoi se baser pour l’instant. Nous croisons aussi des journalistes de Québec-radio (radio web du journal LeQuébécois) qui se sont fait tabasser par les agents de la paix tout en criant : « Wowow relax, journaliste, journaliste! ». D’autres sordides histoires ressortent, comme des gens qui s’attaquent sans discernement au biens des prolétaires, des journalistes et autres curieux et curieuses matraqué-e-s, une mémé poussée des les escaliers par des boucliers de l’escouade… et finalement les chiffres officiels parlent de 221 arrestations en tout. Un bilan lourd où nos camarades devront collectivement débourser des milliers de dollars au service de police de Montréal pour être remis en liberté en attendant leur procès. Est-ce que le résultat que nous connaissons aujourd’hui valait ce sacrifice? Une réflexion devrait être faite sur la tournure qu’a prit l'événement pour que les choses tournent mieux à l’avenir, mais une chose reste évidente : nous avons raison de nous révolter.

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