jeudi 11 juin 2009

Qui sème la privatisation, récolte la radicalisation

Mercredi le 29 avril, je me fais demander dans mon cours de philo hebdomadaire du matin par la secrétaire… de mon directeur des études. J’ai de très mauvais pressentiments, qui se confirment quelques minutes plus tard. Je suis accueilli dans le bureau de ce dernier en compagnie du coordonateur de la vie étudiante, avec une grosse lettre brochée qui m’attend sur la table. Je m’assois, ils me disent de lire, ce que j’exécute, angoissé. Toute cette petite scène pour me faire dire en gros ceci : vous et votre camarade, Maxime Gagnon-Gauthier et Anthony Lapointe, êtes expulsés définitivement du cégep St-Jérôme, vous voyez refuser l’accès au territoire du collège (donc échec automatique de nos sessions) et avez une plainte éventuelle aux autorités. Leur preuve, leur demandais-je. « Joue pas les fin-fins, quelqu’un t’as vu ». Qui... Est-ce que je peux le voir? « Non, on s’en reparlera en procédure judicaire »… et c’est ainsi que commença une de mes luttes les plus intenses et futiles pour la défense de mes droits face a l’autoritarisme grandissant de la machine étatique.

Les technocrates se croient de plus en plus tout permis, et renforcent leur autoritarisme, dans l’optique où ils ne font qu’appliquer dans l’impunité le plan de restructuration néolibéral dicté par le gouvernement. Ils deviennent donc les jardiniers de l’état du parti libéral et des grands groupes financiers. Et des années avant, c’était pour des nationalistes qu’ils faisaient le sale boulot…

Marginaliser la résistance amène à des actions de plus en plus radicales dans la fin et les moyens mis de l’avant. C’est l’analyse qu’on pourrait porter ici sur mon cas. En effet, c’est tout au long du dossier concernant les revendications étudiantes visant le retrait des publicités « zoom média » que la direction a montré son arrogance en se bornant dans les négociations au seul argument du déficit économique structurel (un classique) imposé par le gouvernement (néolibéral). Ce refus de coopération entre autorité et population (étudiante dans notre cas) amène cette dernière à considérer l’option de régler ces problèmes en s’auto-organisant dans ce but précis. Et c’est ainsi que des étudiantes et des étudiants firent pendant des années durant disparaître des "zoom média", pour contraindre la direction à écouter la collectivité. Mais la marginalisation par la répression s’accroit considérablement avec la peur des dominants de ‘perdre le contrôle’ de leur chasse gardée et de leur mode de vie privilégié. Cela aboutit donc à des cas de traitement « exemplaire dissuasif », comme mon cas et celui de mon camarade.

La radicalisation des luttes est actuellement globale, avec la construction de syndicats révolutionnaires aux États-Unis avec le SWU-IWW dans les StarBucks, les tentatives d’implantations de locaux pour le Centre Social Autogéré (CSA) à Pointe-Saint-Charles, les grèves des employé-e-s non-syndiqué-e-s à travers le monde, le refus pour la majorité de la gauche d’être guidée par des structures rigides et autoritaires, et bien sûr l’effervescence (dans plusieurs régions) que l’extrême gauche connaît actuellement. On sent bien un vent nouveau arriver, venu probablement des graines semées par le mouvement que les médias on étiqueté « altermondialiste ». C’était en fait un mouvement révolutionnaire qui devait nécessairement passer par un stade de maturation pour ensuite mieux s’orienter et se redéployer. Ce n’est pas non plus sans rappeler la dynamique autonome du mouvement de la gauche québécoise des années 70, avec les garderies populaires à base militante, les comités d’action politique (CAP), le mouvement syndical et politique (MSP, sorte de réseau militant politique étudiant au début de 68), etc. Toute cette évolution est nécessaire pour que la base populaire puisse reprendre son souffle, se réorganiser et repartir à la conquête de plus de droits politiques et une augmentation de sa qualité de vie. Cette tendance des luttes de converger entre elles se remarque de plus en plus par sa capacité à rassembler des gens de milieux différents, et même (oh sacrilège!) de classes différentes (comme les coalitions citoyennes pour l’environnement, Québec Solidaire, revendications de droits civiques, etc). Le rapport de force avec les dominants ne peut que se porter mieux et permet d’envisager des gains pour les luttes futures.

Il faut constamment ré-analyser les contextes politiques où se déroulent nos luttes, pour ainsi s’adapter et dégager de nouvelles perspectives permettant de rallier les masses et gagner des victoires décisives sur nos adversaires. Le besoin de conscientiser les masses sur l’importance de la solidarité entre gens de même classe se fait donc capital dans ce temps de crise économique et de mouvement des forces politiques en présence. Il faut préparer au plus tôt les gens à se serrer les coudes lorsque sera venu le moment de ne plus reculer et ne plus revenir en arrière, jamais.

On doit arrêter de rêver et affirmer haut et fort nos idées et notre point de vue antiautoritaire, anticapitaliste et pro-humaniste. Cessons d’avoir peur d’être traité-e-s d’idéalistes ou de terroristes, et commençons à concrétiser collectivement et au quotidien, la société que nous voulons pour demain. Si ce n'est pas nous qui le faisons, qui s'en chargera? (Amir Khadir?)

Maxime
Ex-Externe de l'AGES
Étudiant en exil

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